6 conseils pour booster votre créativité artistique (chez vous et hors de la toile)
Posté le 31/07/2019
Salut à tous et bienvenue aux nouveaux lecteurs !
De nos jours, côté inspiration, nous avons la chance d’avoir tout à portée de main sur la toile : Tumblr, Pinterest, Instagram et j’en passe. On peut aisément y trier ces avalanches d’images qui nous inspirent. Alors à quoi bon s’encombrer de supports physiques ?
J'ai passé ces cinq derniers mois à travailler sur divers projets loin de la foule déchainée du web. Même si je ne souhaite pas forcément poursuivre mes prochains travaux de cette manière (déjà parce qu'internet est un super outil de travail et que j'adore y traîner, je ne cracherai pas là-dessus), il faut néanmoins reconnaître que ça fait un bien fou de faire une petite pause avec les réseaux sociaux et autres supports de com'.
J'ai pu retrouver souffle et sérénité et surtout, je me suis souvenue que non, je n'ai pas forcément besoin d'internet pour rester productive. Au contraire, travailler en laissant le PC éteint permet de se couper du regard et du jugement des autres, d'organiser ses idées autrement et de façon plus fun (si-si, on va y venir...), de travailler avec des couleurs et des images autrement que derrière un écran, de rouvrir ses beaux artbooks dont on avait oublié l'existence, de ressortir des photos prises durant les dernières excursions, de se focaliser sur des détails (qu'on aurait du mal à discerner sur un écran où se mélange couleurs criardes et publicités intempestives), etc...
Bref, les arguments pour vous inciter à travailler hors ligne (ne serait-ce qu'une fois par an) n'en finissent pas. Alors sans plus attendre, je vous propose mes 6 recommandations pour alimenter votre créativité et pour vous aider dans vos projets d'art sans toutefois dépendre d'internet :
1- Tenir un répertoire d’inspirations
Un répertoire d’inspirations est un support pratique où vous pouvez stocker les images qui vous inspirent de façon ordonnée. Vous l'utiliserez comme votre référentiel graphique. (un peu comme Pinterest, mais en version manuelle) Organisé par catégories, il doit pouvoir archiver tous les éléments graphiques ou visuels nécessaires à vos projets artistiques.
Pour créer votre répertoire, il faut :
- Vous munir d'un (très) gros classeur ou carnet, de vos paires de ciseaux, d'un tube de colle, d'une (trèèès) grande quantité d'images (dénichées par scans, internet, magazines, flyers, etc...), et des post-it en guise d'intercalaires pour pouvoir séparer les catégories sans prendre trop de place.
- Commencer par déterminer vos catégories (et sous-catégories). Par exemple, si vous avez l’habitude de dessiner des personnages, vous pouvez classer vos images trouvées parmi ces catégories : morphologie (bases), mouvements, homme, femme, enfant, squelette, éléments du visage, mains, pieds, ect... Si vous êtes plus un artiste paysagiste : champs, forêts, mer, nature sauvage, architecture,... A vous de voir quelles sections vous seraient les plus utiles.
- Trier et coller vos médias selon les catégories. Tout simplement.
Petit extrait de mon répertoire d'inspirations, ouvert à la section "Entrelacs Viking". J'avais choisi un cahier à reliure cousue et ai du le rafistoler à plusieurs reprises à cause des pages qui se détachent. (Mais bon, ça lui donne un petit côté grimoire que j'aime beaucoup! 😀)
2- Créer ses propres palettes de couleurs
Les palettes d’art toutes pré-faites en vente sur le marché sont souvent complètes et plutôt polyvalentes. Mais à moins que vous soyez étudiant en art, ou que ça vous amuse de vous restreindre au cercle chromatique de base, je trouve qu'il est beaucoup plus engageant de travailler avec des couleurs que vous avez vous-même sélectionné : mettez de côté celles qui ne vous se souhaitez pas travailler dans l'immédiat. Pour chaque médium, il existe des centaines de coloris différents, il est donc inutile de charger sa boite de couleurs qui ne vous inspirent pas, et vous pourrez toujours trouver une alternative aux couleurs manquantes.
Après avoir créé vos palettes, effectuez leurs nuanciers, sans hésitez à expérimenter les mélanges. Ainsi, vous arriverez mieux à visualiser le potentiel et la capacité de vos palettes personnalisées. Et sous chaque expérimentation, il ne faudra pas oublier de renseigner le nom des couleurs choisies pour le mélange :
Comme j'adore faire des milliers de test couleurs, je les renomme pour les retrouver plus facilement.
Voici un aperçu de ma palette de voyage. J'y ai mis mes aquarelles essentielles et quelques mélanges entre certaines couleurs sur le nuancier. La palette est minimaliste, elle ne comporte que 12 couleurs mais c'est suffisant pour un court séjour (et ça allège le sac à dos) :
Lors de mon dernier passage en Bretagne, j'ai pu m'amuser à peindre avec des tons différents sans trop me sentir restreinte avec les coloris.
>> Des bons conseils pour trouver ses couleurs sur le blog d’Amylee.
>> Apprendre à créer son nuancier sur Arts.web.
>> Sinon je trouve que c’est un véritable régal de voir les nuanciers des autres artistes. Ils sont souvent discrets, mis en retrait à côté des créations. Vous pouvez apercevoir celui de la Lune Mauve tout à la fin de sa revue web du mois de mars, ceux de Sam Guay ici et là (complétement fan de ses travaux...), ou encore celui de Ellen Wilberg par ici, et également les recherches de couleurs de Béatrice Tillier qui sont carément des oeuvres d'art abstraites.
3- Tenir un carnet de brouillon
J'insiste sur le terme de brouillon et non croquis. Je vois beaucoup de personnes qui souhaiteraient sérieusement se mettre au dessin, mais qui pensent qu'un carnet de croquis se doit d'être imperativement beau et bien tenu. Si on part de ce principe, on risque finalement de se dévaloriser par rapport à l'aspect d'un carnet (surtout s'il est joli) ou de se sentir intimidé face à la page blanche.
Un carnet de brouillon est comme un journal intime. Personne n'est sensé voir son contenu, vous juger ou vous évaluer. Ce sont vos idées, vos premiers traits. Et vos croquis ont le droit d'être mal fichus. Mes carnets de brouillon sont truffés de ratures et de croquis inexplicables (moches mais authentiques !). Quoiqu'il en soit, le brouillon reste un bon exercice pour rester créatif et une étape essentielle pour la réalisation d'un nouveau projet.
Ce carnet doit vous accompagner partout, alors choisissez-le bien. Un cahier bon marché ou un ouvrage très travaillé, faites comme bon vous semble. Mais il est important de travailler sur un support qui vous plait, qu'importe votre niveau.
>> Il arrive qu'avec l'accumulation de notes et de croquis, les carnets se transforment en véritable oeuvres d'art. Ceux de Del Toro notamment, visibles ici. (bon, c'est un peu un contre-exemple de ce que je viens de vous recommander, mais comme c'est beau!!!)
>> En parlant de beaux carnets, LorliasWood a réalisé des ouvrages magnifiques, faits de papiers artisanaux recyclés. 😍 Ils sont visibles sur la catégorie Lorliasbook de son blog.
4- Faire des listes
Ecrire pleins de mots qui vous viennent à l'esprit, en suivant une thématique ou sans logique. Objet, verbe, adjectif, il n’y a pas de règle de structure. On ne cherchera pas à être littéraire, l'objectif étant de trouver de nouveaux éléments pour vos créations de façon spontanée. Alors faites à votre guise.
Je trouve que c’est un excellent exercice de suivre une de ces listes au hasard pour composer un nouveau dessin. Le tableau Cursed (ci-dessous) est justement issue d’une liste de mots : crâne, fantôme, bougies, fleurs, lierre, démon, triste, statues, vase et heaume.
Tenez, quand je vous parlais précédemment de mes croquis "moches mais authentiques"! 😂 Vous noterez le fossé entre le brouillon et la peinture finale.
Cursed (Graphite, encre de Chine, aquarelle extra-fine, crayons et encre blanche) 2019 ©Paontaure
5- Aménager un autel
Oui-oui, je parle bien d’un autel à rituel, comme chez les religieux et les païens. De même que ces derniers, on l’utilise pour les sacrifiiiiiiices la sacralisation, le recueillement, la méditation. Il peut s’agir d’une table, d’un buffet, ou encore, d’une étagère cachée dans un placard, à l’abris des regards indiscrets.
On évitera de l'associer avec l'espace de travail. Un autel doit être un coin paisible et à l'écart de vos activités quotidiennes. Personnalisé dans un ou plusieurs thèmes qui vous parlent ou qui vous représentent, il faut qu’il soit esthétique à vos yeux et surtout, qu’il soit l’extension de vos œuvres artistiques.
Par exemple, le mien déborde d'éléments que l'on retrouve dans mes illustrations. J’y mets fleurs, fruits, pétales séchées, pierres, bougies gravées, poupées et divers objets ésotériques décoratifs qui m'inspirent. L'autel change et évolue au gré des saisons et selon mon état d'esprit.
Voici à quoi ressemble mon autel ces derniers jours. A cause de la cannicule, j'ai retiré toutes les bougies et les plantes qui souffraient de la chaleur.
C’est un petit espace où j’aime me recueillir pour chercher de l’inspiration (si le temps ne me permet pas de sortir), j’y feuillète des artbooks, je prends le temps d’y contempler l’art des autres (tarots, sculptures,...), y commence ou termine un dessin, et m’en sers occasionnellement comme un studio photo où je peux y shooter mes peintures de petites tailles (c’est tellement sympa de présenter ses travaux dans un environnement qui leur ressemble) :
Mini aquarelles réalisées en fin 2018. Certaines de ces miniatures et ACEO sont encore disponibles dans ma boutique Etsy.
6- Créer un tableau de tendances
Moodboard, en anglais ou dans le jargon du métier, il s’agit d’une aide visuelle pour le développement d’un projet créatif. On y affiche tout ce que l’on souhaite : des images récoltées dans des magazines, des photos, des échantillons de matières, des gammes de couleurs (ou un aplat d'une seule couleur, pourquoi pas...) et des listes de mots. On y met toutes les idées pour un projet précis.
Je prennais un pied fou à me bricoler ces planches très utiles quand j’étais étudiante. J’y épinglais, scotchais et collais des chutes de tissu, croquis de mode, sections, rubans, photos inspirantes, etc… Puis j’ai continué à en faire pour divers projets créatifs en les réadaptant selon les thèmes : conception d’art, projet d’art en collectif, mais également pour un réaménagement de la maison, créations d’un meuble, projets pour des GN, etc… En fait, on peut en créer pour n'importe quel thème !
Pour commencer, il vous faut rassembler tous les éléments nécessaires à votre projet et les affichez sur le tableau de façon méthodique :
- Tout d'abord, faites le tri de vos documents. N'hésitez pas à découper les images pour vous focaliser sur les détails qui vous intéressent réellement. (La moodboard n'est pas un tableau scrap, hein! Le découpage-collage, c'est bien rigolo, mais il faut que la planche soit pour vous un outil utile pour la suite.)
- Focalisez-vous sur la ligne directive du projet : Quel est le thème ? L'ambiance recherché ?
- N'hésitez pas à écrire des directives si le visuel n'est pas suffisant.
Comme type de panneau, je vous conseil le carton mousse plutôt qu’un autre support car il est peu couteux, rigide, ultra léger et facile à découper si besoin. Avec cette matière on peut épingler les images et les rebouger à sa guise, plutôt que de les coller définitivement (ou faire les deux). Pour le format de la planche, je vous recommande du A3 minimum. Mais si vous avez assez de place de stockage sur vos murs, les plus grands formats sont bien plus pratiques.
Voici un extrait d'une planche que j’avais réalisé pour une série d'aquarelles. Le thème central était "les marais".
>> D'autres exemples de moodboard en vrac que j’ai trouvé sur le net, archivés par ici.
>> Des bons conseils pour créer intelligemment une moodboard, via Laluna.
Voilà tout pour aujourd'hui. J’espère que cet article vous aura donné l’envie de vous (re)mettre à l’ouvrage ! On se retrouve après l'été avec de nouvelles expérimentations artistiques. En attendant, je vous souhaite à tous d'excellentes vacances !
Paontaure